Vers 3 : « un nid de baisers fous ». Les bisous que les deux amoureux vont échanger sont ici identifiés à des oisillons dans des nids. Il s’agit d’une personnification. Ce nid rappelle le confort du wagon lui-même, avec ses « coussins bleus», son caractère « moelleux ».
Vers 6 : « grimacer les ombres des soirs » : autant l’intérieur du wagon est douillet et moelleux, autant le monde extérieur est, par contraste, horrible. Il y a ici une personnification, qui présente le paysage comme monstrueux.
Vers 10 : « Un petit baiser, comme une folle araignée ». S’il n’y avait pas ce « comme », ça serait encore une personnification, mais l’outil de comparaison place cette image poétique dans la catégorie des comparaisons. Le baiser n’est plus un oisillon, c’est devenu un arachnide qui se promène un peu partout, rappelant ainsi ce jeu que vous avez peut-être connu quand vous étiez enfants (vous savez : la petite bête qui monte, qui monte…). Ici le baiser « qui voyage beaucoup » (v. 14) prend une tournure assez galante, car on ne sait dans quels plis il est parti se cacher.
C’est une façon d’exprimer ses sentiments et d’inviter la personne qu’on aime…à l’amour.
Pour terminer cette semaine, je vous propose un travail que j’espère ludique, amusant, stimulant, créatif. Voici quatre travaux d’écriture très différents. Choisissez-en un ou plus, si vous êtes inspirés, et inventez un poème en respectant les contraintes. Vous pouvez m'envoyer vos essais (pas par photos, s'il vous plaît) :
1. Questions
Rédigez un poème constitué uniquement de questions.
2. 35 mots
Ecrivez un poème qui comporte 35 mots : pas un de plus, pas un de moins.
3. Une syllabe
Ecrivez un poème d’au moins 50 mots dont chacun ne compte qu’une syllabe.
4. ObsessionPar quoi êtes-vous obsédé ? Qu’est-ce qui enlèverait tout sens à votre vie si cela disparaissait ? Ecrivez un poème à ce sujet.
Bonne fin de semaine et à mardi...
L’hiver, nous irons dans un petit wagon rose
Avec des coussins bleus.
Nous serons bien. Un nid de baisers fous repose
Dans chaque coin moelleux.
Tu fermeras l’œil, pour ne point voir, par la glace,
Grimacer les ombres des soirs,
Ces monstruosités hargneuses, populace
De démons noirs et de loups noirs.
Puis tu te sentiras la joue égratignée…
Un petit baiser, comme une folle araignée,
Te courra par le cou…
Et tu me diras : " Cherche ! " en inclinant la tête,
– Et nous prendrons du temps à trouver cette bête
– Qui voyage beaucoup…
Arthur Rimbaud (1854-1891)
Phrases | Outil de comparaison | Comparé | Comparant |
1 | tel | Mon chat | Un tigre |
2 | comme | Nos joueurs | Des lions |
3 | pareilles à | Les paroles | Un flot ininterrompu |
4 | semblable à | Le champ de blé | Une mer dorée |
1. L’aveu d’amour de Roméo à Juliette figure pour ainsi dire dans chacune des répliques qu’il lui adresse. La première serait celle-ci : « Appelle-moi seulement ton amour ».
L’aveu de Juliette repose sur une situation très prisée au théâtre. Elle parle seule (et indirectement au public), sans savoir que Roméo l’écoute et déclare : « Roméo, renonce à ton nom ; et, à la place de ce nom qui ne fait pas partie de toi, prends-moi tout entière. »
2. Le langage poétique est là pour exprimer la noblesse et l’exaltation des sentiments des personnages.
Il faut s’attarder sur la première réplique de Roméo. La scène s’ouvre sur une métaphore : « Juliette est le soleil !», qui joue sur l’opposition avec l’astre nocturne, la lune. Ainsi Juliette est plus belle que la lune, nous dit Roméo. L’opposition de la nuit et de la lumière est aussi une façon de parler de son amour, que le jeune homme a dans l’idée d’amener de l’ombre à la lumière, en le révélant, en avouant ses sentiments à Juliette. Mais la métaphore se poursuit (on parle de métaphore filée) puisque, à présent, les yeux de Juliette sont comparés à des étoiles. On voit par cette image que l’être aimé se superpose au monde, prend la place des choses, du soleil, car on ne voit plus que la personne qu’on aime quand on est amoureux.
En poésie, l’amour est également une religion. Juliette devient un « ange resplendissant », « un messager ailé du ciel » (qui rappelle Hermès, le messager des dieux) de par sa position de surplomb (puisque vous vous souvenez qu’elle est sur son balcon). Quant à Juliette, elle y va fort également puisqu’elle appelle Roméo le « dieu de mon idôlatrie ». Il s’agit de métaphores.
Quand les aveux ont été échangés, c’est la passion amoureuse elle-même qui est désignée par métaphore : c’est « un bouton d’amour », bouton signifiant ici bourgeon de fleur (puisqu’ils n’en sont qu’au début de leur relation) ; c’est ensuite une comparaison qui rapproche l’amour de la mer, toutes deux illimitées et profondes, « car l’un et l’autre sont infinis ».
La construction du discours amoureux est ici autrement plus intéressante que ces histoires de piscines et de baisers langoureux qu'on trouve dans le film. Sans qu'aucun contact physique entre les jeunes gens n'ait été prévu ou suggéré par Shakespeare, la passion et l'abandon total des deux amants sont exprimés dans cette scène.
Il est temps de faire le point sur les figures de style. A coller ou à copier dans le cahier à la suite de la séance :
Comparaison | Elle établit un rapport de ressemblance entre deux éléments (le comparé et le comparant), à l’aide d’un outil de comparaison (comme, ainsi que, plus… que, moins… que, de même que,
semblable à, pareil à, ressembler, on dirait que…) Le comparé est ce qu'on compare. Le comparant est ce à quoi on le compare. | Ex : Le soleil est semblable à de l’or. Ton teint est pareil à l’éclat de la rose. La terre est bleue comme une orange. (Eluard) |
Métaphore | C’est une comparaison sans outil de comparaison. Les termes y sont pris au sens figuré. Quand une métaphore est répétée, déclinée sous différentes formes au sein d'un même texte, on parle d'une métaphore filée. | Ex : Ton teint de rose Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe. (Hugo) L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature, mais c’est un roseau pensant. (Pascal) |
Personnifi-cation | Elle représente une chose ou une idée sous les traits d’une
personne. | Ex : La forêt gémit sous le vent. ces rois de l’azur, maladroits et honteux (Baudelaire) L’Habitude venait me prendre dans ses bras et me portait jusque dans mon lit comme un petit enfant. (Proust) |
Allégorie | Elle représente de façon concrète et imagée les divers aspects d’une idée abstraite. Elle se repère souvent grâce à l’emploi de la majuscule. | Ex :
- La Mort est souvent représentée par une faucheuse. - Une femme aux yeux bandés tenant une balance : allégorie de la Justice.- La statue de la Liberté : allégorie de la Liberté. - Marianne : allégorie de la République - La colombe et le rameau d'olivier : allégorie de la Paix. |
Exercice I. Identifiez la figure de style :
Bonne semaine à tous.
En amour, doit-on tout faire pour plaire à l'autre ?
Tout d’abord, une vie amoureuse épanouie est un accomplissement pour beaucoup de personnes. Beaucoup de chansons, de films, de pièces de théâtre nous présentent l’amour comme le but ultime à atteindre. Dès l’Antiquité, Platon raconte dans Le Banquet qu’à l’origine de l’humanité, les hommes et les femmes étaient unis en un seul être, appelé Androgyne, que Zeus a ensuite séparé en deux. L’amour n’est qu’une tentative de reconstituer la plénitude de cet être à la fois masculin et féminin. On comprend, dès lors, que le danger et le sacrifice de soi soient des paramètres négligeables pour atteindre l’amour.Certains personnages n’hésitent pas à braver le danger pour parvenir à leurs fins. C’est le cas par exemple de Roméo et Juliette de Shakespeare. Dans cette pièce de théâtre très célèbre, Roméo Montaigu tombe amoureux de Juliette Capulet. Les deux familles sont ennemies mais le jeune homme ne va pas hésiter à franchir le mur du jardin et se rendre sous les fenêtres de Juliette pour venir lui déclarer son amour, en dépit du risque qu’il court car sans doute serait-il tué s’il était surpris par un Capulet.
Cependant, plaire à autrui ne signifie pas renoncer à soi et à sa personnalité. Celui ou celle qu’on aime doit nous aimer tel que nous sommes, avec nos défauts, nos qualités et nos goûts. Si tel n’est pas le cas et qu’il nous faut changer du tout au tout, l’autre tomberait amoureux de l’image qu’on veut bien lui présenter mais pas vraiment de nous-même. C’est le sens du mythe grec de Pygmalion, qui raconte l’histoire d’un artiste, qui tombe amoureux de la sculpture qu’il a créée, Galatée. Sa statue finit par s’animer et prendre vie. Ce mythe nous donne la vision d’une femme totalement modelée aux goûts de l’homme, puisqu’il l’a façonnée comme il le souhaite. Dans L’Ecole des femmes de Molière, un vieil homme a ainsi placé dans un couvent une très jeune fille pour qu’elle y soit éduquée comme il l’entend, jusqu’au moment où elle soit en âge de se marier avec lui. Dans ce cas, on voit qu’Agnès, la jeune femme, n’a pas été choisie pour sa personnalité propre. Le dénouement est éloquent : au dernier moment, elle rencontre un jeune homme qui l’aime pour elle-même et s’enfuit avec lui.
Pour finir, on peut quand même convenir d’efforts à concéder pour plaire à l’autre, qu’ils soient d’ordre physique ou moral. L’attirance physique ne saurait être occultée dans une relation amoureuse : l’hygiène, la tenue vestimentaire ou encore une pratique sportive régulière peuvent constituer des atouts qui, sans nous dénaturer, peuvent nous rendre plus séduisants. Ainsi, dans La Lettre d’une inconnue de Stefan Zweig, la narratrice raconte comment, à l’adolescence, l’amour l’a transformée du jour au lendemain. Sitôt amoureuse, elle se mit à lire pour cultiver son esprit, à travailler dur en classe, à faire des progrès en piano, etc. Si tout cela a pour but de plaire à une seule personne, il en reste cependant des compétences et des qualités qui restent même après la fin de la relation.
masculin | féminin | |
singulier | tout | toute |
pluriel | tous | toutes |
Correction de la lettre d'Ugolin :
Et puis, quand je lui ai dit devant tout le monde que je voulais me marier avec elle, tout lui donner, et cætera, elle m'a craché dessus en parole, et en plus elle s'est réfugiée vers l'instituteur. D'abord, je les ai vus se parler dans la colline. Elle ne lui tire / jette pas une pierre dans l'estomac et elle l'écoute en regardant par terre, et quand il a fini de parler, elle se languit qu'il recommence ! Et lui, il n'est pas étonné, il trouve ça naturel. J'ai envie de le tuer, mais sa ferait de la peine à Manon, alors non tant pis, je ne veux pas la priver. Celui-là, il ne connaît pas son bonheur, mais moi je connais mon malheur, que je ne peux plus supporter.
Ici commence mon testament.
Les fautes les plus fréquentes portaient sur :
- sa/ça (ce dernier mot peut se remplacer par « cela »)
==> https://www.francaisfacile.com/exercices/exercice-francais-2/exercice-francais-26659.php
- l'oubli de l'adverbe de négation ne.
- le redoublement inutile des pronoms (« je veux me la marier »)
- les erreurs lexicales (« et puits », « d'abort », « mintenant »...)
En voilà assez pour Ugolin. S'il avait su faire une belle déclaration d'amour (et qu'il s'était rasé la moustache), sa fin eût été moins tragique. Nous allons enchaîner sur deux activités, l'une qui fait réfléchir et l'autre... aussi.
Activité 1 : sujet de réflexion
Nous allons enchaîner sur un sujet de réflexion que nous allons préparer et construire ensemble. Le sujet est le suivant :
En amour, doit-on tout faire pour plaire à l'autre ?
Mon but, avec ce travail, est de vous préparer à l'épreuve du Diplôme National du Brevet de l'année prochaine, qui comprend un sujet de réflexion en rédaction. C'est pourquoi, à chaque séquence, nous avons eu un temps de réflexion sur une question posée.
Dans un premier temps, nous allons chercher les arguments qui permettent de répondre à la question posée ci-dessus. Au lieu de faire cela individuellement, je vous propose de mener la réflexion collectivement à l'aide d'un framapad.
Cliquez sur ce lien et n'oubliez pas de mentionner votre prénom avant de commencer à écrire :
https://etherpad.alolise.org/p/9gr1-n60s1n3mql?lang=fr
Nous ferons le point vendredi. Plus vous contribuerez, plus le travail sera stimulant et la suite facile.
Activité 2 : Orthographe
Comme ce travail de réflexion ne devrait pas vous prendre des heures, j'ai trouvé une petite "capsule" (le terme est à la mode) d'orthographe sur les accords du mot "tout", à visionner :
https://www.lumni.fr/video/comment-ecrire-tout-sans-faire-de-fautes
Ca va très vite, je vous conseille de faire pause toutes les 3 secondes. A la fin du cahier, vous pouvez en faire une synthèse. Que fait-on si tout est un pronom, un déterminant (devant un nom), un adverbe, voire un nom ?
Peut-être ceci sera-t-il plus clair : https://www.ralentirtravaux.com/lettres/cours/tout.php
Pour vous exercer, voici un lien, à n'ouvrir que lorsque vous êtes sûrs d'avoir compris la leçon :
https://www.francaisfacile.com/exercices/exercice-francais-2/exercice-francais-52904.php
Nous en reparlerons vendredi aussi. Bonne semaine.
Questionnaire
1. La situation d'énonciation de cette lettre est la suivante :
Albert Camus est l'expéditeur de cette lettre. Le destinataire est Maria Casarès. Il la lui a envoyée le 17 juillet 1944, à Verdelot, un village de Seine-et-Marne.
2. C'est le ton du reproche qui domine dans cette lettre : "Mais tu n'as pas écrit", "une sorte de répugnant malheur à cause de toi", "Mais tu n'es pas venue"
3. Camus semble absolument désespéré que Maria Casarès ne soit pas venue le voir à Verdelot. Il ne semble plus attendre quoi que ce soit d'elle, mais éprouve le besoin de s'épancher, d'exprimer sa profonde tristesse. D'ailleurs, il n'est pas sûr qu'il enverra la lettre en question : il éprouve juste le besoin d'écrire ce qu'il ressent, destinataire ou non.
Les sentiments éprouvés sont multiples. On retiendra le désespoir et le malheur de ne pas se sentir aimé ("tu ne m'aimes pas"), mais également la jalousie ("je suis jaloux").
Au milieu de toute cette tristesse, Camus constate à quel point il aime la jeune femme plus qu'elle ne l'aime, ce qui est une façon de lui déclarer à nouveau son amour : "personne ne t'aimera jamais comme je t'aime".
4.
Albert Camus | Maria Casarès |
- Fort caractère, qui tient tête à l’ennemi (il prend part à la Résistance). La révolte est l’un des thèmes principaux de ses œuvres. - il est question dans la lettre de son cynisme (deuxième paragraphe de la lettre) - Homme passionné, en amour particulièrement (« Tu n’as pas compris que je t’aimais profondément, avec toute ma force, toute mon intelligence et tout mon cœur »). Au passage, vous avez peut-être remarqué qu’il y a des mots illisibles à la fin de la lettre. Peut-être peut-on imputer cela à l’état dans lequel il se trouve. - Homme exigeant avec lui-même et avec les autres (« Te rends-tu compte que cette exigence que j’ai portée partout et qui me fait ce que je suis, je l’ai mise aussi dans cet amour ») - jaloux, on en a déjà parlé. - un peu condescendant avec Maria Casarès. C’est vrai qu’ils ont 9 ans d’écart. Son amour dépend d’elle, mais vous remarquerez certaines expressions (qui ne passeraient plus en 2020). Il l’appelle « ma petite Maria » et « ma petite fille » | - En tant que comédienne, la biographie précise qu’elle est « séductrice », « envoûtante »… - Femme indépendante, qui tient à sa liberté et cela rend jaloux Albert Camus, qui s’en plaint : « Car tu ne sors qu’avec des hommes. Et cela sans doute est normal. C’est toi, ton métier, ta vie. » |
Camus a été très à la mode ces dernières semaines car il est l’auteur de La Peste, un roman de 1947 dans lequel les habitants d’une ville contaminée par la peste sont mis en quarantaine. Cela a fait écho à ce confinement que nous vivons depuis le 17 mars. J’ai préparé une longue séance sur cet auteur.
J’ai choisi un extrait de sa Correspondance avec Maria Casarès, qui fut sa maîtresse pendant une quinzaine d’années. Ils se sont écrit des centaines de lettres avant que Camus ne décède dans un accident de voiture, à quelques kilomètres de Nangis, sur la route qui relie Sens à Montereau-Fault-Yonne. Cette Correspondance publiée par la fille de Camus (qui a rassemblé toutes les lettres de son père et de Maria Casarès) a été un événement littéraire en 2017, à sa parution.
A la différence de la Lettre d’une inconnue de Zweig, cette lettre est authentique, ce n’est pas une lettre fictive, une lettre de roman, ce qui lui donne une coloration tout autre, un intérêt différent pour le lecteur.
J’ai choisi une lettre de Camus, au début de leur relation. C’est une lettre passionnée qui colle bien avec la problématique de séquence : Camus y exprime ses sentiments, en se demandant s’ils sont partagés. Bonne lecture et bon travail.
Tout d’abord, vous allez noter dans la partie Lexique du cahier, la définition de la situation d’énonciation, qui est toujours importante quand vous devez lire (ou écrire) une lettre.
Situation d’énonciation : c’est le contexte dans lequel un énoncé (une prise de parole, un texte) est produit. Ces éléments sont :
- l’énonciateur : qui parle ?
- le destinataire : à qui le message est-il adressé ?
- où le message a-t-il été formulé ?
- quand le message a-t-il été formulé ?
Vous trouverez ci-après des éléments biographiques sur Casarès et Camus puis la lettre en question et, enfin, le questionnaire.
Lettre d’Albert Camus à Maria Casarès Lundi 17 juillet 1944
Craignant d’être arrêté pour ses activité de résistant (l’action se déroule pendant l’Occupation allemande), Albert Camus a quitté Paris pour Verdelot, en Seine-et-Marne. Il est accompagné de Michel, Pierre et Janine Gallimard, qui se cachent également.
Depuis mercredi, je ne t’ai pas écrit. Je n’ai pas cessé d’avoir le cœur serré comme dans un étau. J’ai voulu faire ce qu’il
fallait pour me débarrasser de cette idée fixe que j’avais. Rien n’y a fait. J’ai passé deux jours entiers couché, à lire
vaguement et à fumer, pas rasé, et sans volonté – le seul signe que je t’ai donné de tout ça, c’est ma lettre de mercredi. Je pensais qu’aujourd’hui je recevrais ta réponse à cette lettre. Je me disais : « Elle répondra. Elle trouvera des mots
qui dénoueront cette chose si affreusement serrée en moi. » Mais tu n’as pas écrit.
Je ne crois pas que je t’enverrai cette lettre. On n’a pas idée d’écrire avec le cœur que j’ai. Mais je ne peux m’empêcher de te dire que depuis plus d’une semaine, je suis dans une sorte de répugnant malheur à cause de toi et parce que tu n’es pas venue. Oh ! ma petite Maria, je crois vraiment que tu n’as pas compris. Tu n’as pas compris que je t’aimais profondément, avec toute ma force, toute mon intelligence et tout mon cœur. Tu ne m’as pas connu auparavant et c’est pourquoi sans doute tu ne pouvais pas comprendre. Tu m’as pourtant parlé un jour de mon cynisme et il y avait du vrai. Mais où est parti tout cela? Si quelqu’un comme Janine pouvait lire ce que je t’écris ou entendre le langage que je t’ai tenu le jour où tu doutais de tout, elle tomberait de haut. Et pourtant, elle suppose que je t’aime. Mais elle ne sait pas, et toi non plus, avec quelle fièvre, quelle exigence et quelle folie. Tu ne t’es pas rendu compte que tout d’un coup j’ai concentré sur un seul être une force de passion qu’auparavant je déversais un peu partout, au hasard, et à toutes les occasions.
Et ce que ça a donné, c’est une sorte de monstrueux amour qui veut tout et l’impossible et qui est en train de te dépasser. Car l’idée qui me poursuit depuis une semaine et qui me tord le cœur, c’est que tu ne m’aimes pas. Parce qu’aimer un être, ce n’est pas seulement le dire ni même le sentir c’est faire les mouvements que cela commande. Et je sais bien que le mouvement de cet amour qui m’emplit me ferait traverser deux mers et trois continents pour être près de toi. La plupart des obstacles étaient levés pour toi, il y avait peu à faire. Mais mon idée – et que cette idée me fait mal – c’est que tu as manqué – toi, toi, si brûlante et si merveilleuse – de cette flamme qui t’aurait poussée vers moi. Alors, ce retard, et mon angoisse chaque jour accrue. Tu m’as écrit, il est vrai – mais pas plus que tu n’écrivais à ceux qui sont près de moi. Et eux aussi, tu les embrassais en les appelant comme tu m’appelais. Alors, où est la différence ? La différence aurait été de venir contre tous les obstacles et de mettre ton visage contre le mien et de vivre avec moi, avec moi seul, toi toute seule et moi tout seul au milieu de ce monde, des jours qui auraient été la gloire et la justification de toute ma vie. Mais tu n’es pas venue. Le jour approche où je vais rentrer et tu n’es pas venue. Tu rends-tu compte de ce que cela signifie pour moi – Maria, mon chéri, mon cher amour? Te rends-tu compte que cette exigence que j’ai portée partout et qui me fait ce que je suis, je l’ai mise aussi dans cet amour si vite levé et qui aujourd’hui me remplit tout entier. L’idée que tu m’aimes un peu, suffisamment pour penser à m’écrire, mais pas suffisamment pour tout oublier, pas suffisamment pour te dire qu’une seule heure près de moi vaut bien cette journée passée dans les bois avec je ne sais quel imbécile de salon, cette idée me bouleverse. J’ai mal à l’âme depuis une semaine, mal à mon orgueil que, naïvement, je mettais aussi sur toi. J’ai eu toutes les idées, j’ai fait tous les projets. Depuis deux ou trois jours, je pense à sauter sur mon vélo et à revenir à Paris. Songe un peu, je me dis : « Je partirai à 6 heures et à 11 heures, je pourrai l’embrasser. » A cette seule idée, je sens mes mains trembler. Mais si tu ne m’aimes pas, à quoi cela sert-il ? J’ai voulu aussi te rejeter, mais je ne puis imaginer maintenant ma vie sans toi et je crois que pour la première fois de ma vie je vais être lâche. Alors je ne sais plus. Bêtement, je m’en remettais encore à toi. « Elle va m’écrire ! » Voilà où j’en étais et je te jure que je ne suis pas fier. Et je promène ça ici, au milieu de ces trois êtres qui se déchirent, qui souffrent stupidement et que je dois écouter, protéger ou consoler, avec tout le poids des questions matérielles sur moi alors que moi aussi, je voudrais me réfugier dans le cercle douloureux de cet amour et m’y taire et souffrir en silence.
Et avec ça, je suis jaloux, et aussi stupidement qu’on peut l’être. Je lis tes lettres et chaque nom d’homme me sèche la bouche. Car tu ne sors qu’avec des hommes. Et cela sans doute est normal. C’est toi, ton métier, ta vie. Mais je n’ai que faire d’un amour normal quand moi, je suis tout entier porté vers la violence et les cris. Et sans doute cela n’est pas intelligent. Mais maintenant que me fait l’intelligence ? Tu vois, je mets tout ici, bleu sur blanc, et ne cache plus rien. Mais je ne mets pas encore assez de cris et assez de fièvre. Depuis près d’une semaine, je me tais, je renferme ça, je veille et je rumine. Mais moi qui ai passé ma vie à maîtriser mes ombres, je suis aujourd’hui leur proie, c’est avec des ombres que je me débats. Oh ! Maria, Maria chérie, pourquoi m’as-tu laissé ainsi et pourquoi n’as-tu pas compris ?
Mais je m’arrête, il vaut mieux que je m’arrête, n’est-ce pas? Tu en as assez et peut-être, pendant que j’écris ces lignes, penses-tu avec ennui que tout de même il faudra venir ici. Ce n’est pas la peine pourtant. Ce qui m’aurait transfiguré de joie, il y a quelques jours, toi accourant vers moi, avec toute la force de l’amour, oh ! j’ai cessé de le souhaiter. Et en vérité, je ne sais plus ce que je souhaite. Je patauge dans ce malheur, je me sens maladroit et un peu hagard, j’ai mal, voilà tout, mais j’ai terriblement mal. Tant d’amour, tant d’exigence, tant d’orgueil pour nous deux, ça ne peut pas faire du bien, c’est évident. Oh ! Maria, terrible Maria oublieuse, personne ne t’aimera jamais comme je t’aime. Peut-être te diras-tu cela à la fin de ta vie quand tu auras pu comparer, voir et comprendre et penser : « Personne, personne ne m’a jamais aimée comme cela. » Mais à quoi ça servira-t-il si ce n’est pas [deux mots illisibles]. Et qu’est-ce que je vais devenir si tu ne m’aimes pas comme j’ai besoin que tu m’aimes. Je n’ai pas besoin que tu me trouves « attachant », ou compréhensif ou n’importe quoi. J’ai besoin que tu m’aimes et je te jure que ce n’est pas la même chose. Allons, cette lettre n’en finit plus. Mais c’est qu’il y a en moi aussi quelque chose qui n’en finit plus. Pardonne-moi, ma petite fille. Je voudrais que tout cela ne soit qu’imagination – mais je crois bien que non, mon coeur ne se trompe pas. Je ne sais plus que faire, ni que dire. Bien sûr, si tu étais là… Mais je vais partir bientôt. Cette séparation, c’était un terrible piège pour notre amour. Tu y es tombée. Et moi, je n’ai jamais été aussi démuni, aussi désarmé. Je t’embrasse, mais avec ces larmes que je ne peux pas verser et qui m’étouffent.
A.
Lorsque Francine, l’épouse d’Albert Camus quitte l’Algérie pour rejoindre son mari en France, Maria Casarès rompt avec lui à l’automne 1944. Leur liaison reprend en 1948 pour ne plus cesser jusqu’à la mort de l’écrivain (janvier 1960).
Questionnaire
1. Définissez la situation d’énonciation de cette lettre (= qui écrit à qui ? Où et quand?)
2. Quel est le ton de la lettre de Camus ? Relevez quelques citations à l’appui de votre réponse.
3. Quel est l’objet de cette lettre ? Pourquoi Camus l’a-t-il écrite ? Quels sentiments ou émotions l'ont poussé à l'écrire ?
4.En vous aidant des informations fournies par la lettre de Camus et par les éléments biographiques fournis, faites un portrait (essentiellement psychologique) des deux personnages de cette relation. Vous pourrez présenter votre travail sous forme de tableau.
Je vous laisse un peu plus de temps que d'habitude pour ce travail-là. Nous corrigerons tout cela vendredi prochain, le 15 mai. Bon week-end et bon courage.
Exercice I
1. L'étymon de passion est le latin passio dont la signification principale était "souffrance".
2. En français, passion désigne :
- une souffrance (sens ancien) ; avec une majuscule, Passion désigne la crucifixion de Jésus-Christ.
- une émotion, un sentiment, qui domine l'esprit
- l'amour, considéré comme un sentiment puissant, obsédant
- vive inclination vers un objet que l'on poursuit (par exemple, avoir la passion de l'opéra)
- affectivité violente, irraisonnée, qui nuit au jugement.
Il est intéressant de comprendre comment cela a évolué. Au début, c'était très négatif, il était question de souffrance que l'on subit passivement. Comme on subit l'amour, que c'est un sentiment qu'on supporte sans pouvoir le maîtriser, le mot passion a pris un nouveau sens. Enfin, par atténuation, une passion est quelque chose que l'on aime faire... et voilà comment un mot qui désignait une réalité déplaisante en latin en est venu à désigner un hobby, une activité agréable.
Exercice II.
Si l'on se fie aux différents sens du mot passion, les mots suivants ont donc en commun l'idée de souffrance ou de passivité : Passion – patient (désigne celui qui souffre et subit sa maladie : il doit donc patienter !) – pathétique (qui suscite une émotion intense) – pâtir (qui signifie "subir, endurer") – passif – pathologique (encore l'idée de maladie) – sympathie
Exercice III
Exercice un peu difficile : il fallait comprendre le sens des mots et associer ensuite ces mots à leur antonyme...patient | Passionné | passif | passionnant |
impétueux indigné | indulgent flegmatique calme résigné indifférent | Entreprenant enthousiaste actif | Insignifiant banal |
Exercice IV
1. Quand Jésus commençait sa longue Passion / Le crachat qu’un bourreau lança sur son front blême / Fit au ciel à l’instant même / Une constellation ! (Victor Hugo, Les Châtiments, 1853)
Comme je l'ai écrit plus haut, la Passion, avec une majuscule, peut désigner la crucifixion de Jésus-Christ, c'est-à-dire le supplice et la souffrance qu'il a éprouvée quand on l'a cloué sur la croix.
2. Dans les premières passions, les femmes aiment l’amant ; dans les autres, elles aiment l’amour (La Rochefoucauld, Maximes, 1665)
Le mot signifie ici "amour" (ou "relation amoureuse").
3. J’ai plus que jamais la passion de la botanique (Jean-Jacques Rousseau, Lettre à Du Peyrou, 1765)
Cette séance portera, comme son nom l’indique, sur le vocabulaire de la passion amoureuse. Nous travaillerons en particulier sur ce mot de « passion », qui est au cours de notre séquence sur l’amour.
Pour commencer, vous allez copier dans la partie Lexique du cahier, le mot « Etymologie » et sa définition.
L’ETYMOLOGIE désigne la recherche de l’origine des mots. L’ETYMON est le mot d’origine (dans une langue ancienne, le latin, la plupart du temps) qui a donné un mot français.
Par exemple, le motpomme a pour étymon le mot latin pomma, qui signifie « fruit », dans sa langue d’origine (...en latin on disait malum pour désigner la pomme).
Exercice I
1. Je vais vous demander de chercher l’étymologie, du mot passion :quel en est l’étymon et que signifiait ce mot dans sa langue d’origine ?
Vous trouverez la réponse dans un dictionnaire pour adulte (type Robert) ou sur Internet.
2. Quelles sont les cinq principales significations du mot passion en français ?
Exercice II.
Dans la liste de termes suivants, quels sont ceux qui ont une étymologie commune ?
Passion – patient – patibulaire – pathétique – pâtir – passif – passim – pathologique – pâtis – sympathie
Exercice III
Classez les mots de la liste ci-dessous en quatre colonnes : patient / passionné / passif / passionnant
Vous adopterez un classement par ANTONYMES :
1. entreprenant
2. insignifiant
3. indulgent
4. enthousiaste
5. flegmatique
6. actif
7. résigné
8. impétueux
9. banal
10. calme
11. indifférent
12. indigné
Exercice IV
Quel est le sens du mot « passion » dans les phrases suivantes :
1. Quand Jésus commençait sa longue Passion / Le crachat qu’un bourreau lança sur son front blême / Fit au ciel à l’instant même / Une constellation ! (Victor Hugo, Les Châtiments, 1853)
2. Dans les premières passions, les femmes aiment l’amant ; dans les autres, elles aiment l’amour (La Rochefoucauld, Maximes, 1665)
3. J’ai plus que jamais la passion de la botanique (Jean-Jacques Rousseau, Lettre à Du Peyrou, 1765)
Le travail étant en autocorrection, n'effacez pas toutes vos réponses en vous disant que ma correction est meilleure. Vous pouvez ajouter les éléments manquants. Nous nous en tiendrons là pour cette séance 4 et travaillerons aujourd'hui la conjugaison.
Nous allons travailler sur le subjonctif, qui est au programme de quatrième. Vous êtes censés connaître le subjonctif présent et apprendre cette année le subjonctif passé, mais nous allons revoir ces deux temps, car un rappel n'est jamais vain... Nous utilisons le subjonctif tous les jours, souvent sans nous en rendre compte.
Tout d’abord, je rappelle que le subjonctif est un mode verbal, c’est-à-dire une manière qu’a le verbe de présenter son action (par exemple, selon son degré de probabilité). Il existe des modes personnels et des modes non personnels. Il y en a six : l’infinitif, le participe,l’indicatif, le conditionnel, le subjonctif, l’impératif ( + le gérondif, qui est parfois compté comme le septième mode). Je vous invite à jeter un œil à une page de Bescherelle pour visualiser de quoi je parle. Si vous n’en avez pas, voyez ceci, par exemple : https://www.toutelaconjugaison.com/conjugaison.html
On voit que les modes sont des rubriques à l'intérieur desquelles se trouvent des temps.
L’objet de cette séance est de traiter du subjonctif. Nous l’aborderons en deux temps : tout d’abord, nous verrons aujourd'hui comment il se conjugue (morphologie) puis comment on l’emploie.
I. Morphologie
Si vous jetez un œil à un tableau de conjugaison, vous constaterez que le mode subjonctif a quatre temps : le présent, le passé, l’imparfait et le plus-que-parfait. De nos jours, on n’utilise plus que le présent et le passé ; ce sont ces deux temps qu’il faut connaître.Le subjonctif a une particularité : le verbe est toujours précédé de la conjonction de subordination « que ».
Exemple : que tu viennes
1. Le présent
Radical du présent de l'indicatif + terminaisons suivantes :
Le présent du subjonctif de certains verbes du troisième groupe est formé sur un radical irrégulier : que je sache, que tu fasses…
Le meilleur moyen de ne pas le confondre avec l’indicatif, c’est de commencer une phrase par « Il faut que ». Naturellement, on tombera le plus souvent sur la forme souhaitée...
Voici les auxiliaires :
Etre : que je sois, que tu sois, qu'il soit, que nous soyons, que vous soyez, qu'ils soient
Avoir : que j'aie, que tu aies, qu'il ait, que nous ayons, que vous ayez, qu'ils aient
2. Le passé
Il s’agit d’un temps composé, c’est-à-dire qu’il se construit en deux mots : avec un auxiliaire au subjonctif présent (voir juste au-dessus la conjugaison des auxiliaires) suivi du participe passé du verbe.
Par exemple, si je veux conjuguer le verbe finir au passé du subjonctif, je vais commencer par « que » + l’auxiliaire avoir au présent + participe passé de finir :
que j’aie fini
que tu aies fini
qu’il/elle/on ait fini
que nous ayons fini
que vous ayez fini
qu’ils/elles aient fini
Comme vous le savez, certains verbes fonctionnent avec l’auxiliaire être. C’est le cas du verbe aller :
que je sois allé
que tu sois allé
qu’il/elle/on soit allé
que nous soyons allés
que vous soyez allés
qu’ils/elles soient allés
Je pense que ça suffira pour aujourd'hui : il faut bien sûr apprendre cette leçon et réaliser les exercices suivants pour vendredi 1er mai :
Exercice 1. Ces formes verbales sont à l'indicatif présent.
a. Mettez-les au subjonctif présent, en les faisant précéder de que (il faut que).
b. Indiquez leur infinitif.
c. Soulignez les formes communes au présent de l'indicatif et au présent du subjonctif.
J'agis * tu supplies * elle permet * nous savons * vous riez * ils ont * j'entre * tu vas * il court *nous faisons * vous dites * elles croient
Exercice 2. Mettez les verbes de l'exercice 1 au subjonctif passé.
J'ajoute deux exercices en ligne, que j'ai collé sous le lien, pour ceux d'entre vous qui souhaiteraient les imprimer :
https://www.francaisfacile.com/exercices/exercice-francais-2/exercice-francais-4514.php
Version à imprimer. A conjuguer au présent du subjonctif :
Bon courage et à vendredi.
Amour
passion, romantique | Amour
léger |
Perte
de contrôle et ignorance : elle rougit et pleure (paragraphe 3) « balbutier », « j’étais ignorante et sans expérience », etc. | elles ont beaucoup entendu parler de l'amour et beaucoup lu » (l.32) |
l.27 « comme un esclave, comme un chien » l. 34-35 : « comme dans un abîme » | « elles s’en amusent comme d’un jouet » (l. 33) / « comme les garçons de leur première cigarette (comparaisons) |
Amour solitaire : isolement dans le paragraphe 3 « jeunes filles solitaires » (l. 31) « mon secret » (l. 19) | Amour mondain : « disséminent leur sentiment à la ronde et l’émoussent en
confidence»(l. 31-32) |
Sérieux : « sacré » (l. 19) « la passion suprême » (l. 39) | Légèreté : « elles jouaient à la légère » (l. 38) |
Amour exclusif et pour toujours : « pour toujours et à
jamais » (l. 1-2) , « tout pour moi, toute ma vie » (l. 41-42) | « Ce qui se morcelle et se partage » (l. 40) |
Transformation complète à partir de la ligne 43 ⇒ devenir plus belle et plus intelligente l. 16 « à faire une femme de l’adolescente que j’étais » Le but est également de plaire mais par une transformation et une amélioration profondes de soi | Jeu superficiel de séduction : attitudes pour plaire (le sourire de l’homme, par exemple) . Charme superficiel |
Aux mines de sel de Salzbourg, on jette dans les profondeurs abandonnées de la mine un rameau d'arbre effeuillé par l'hiver; deux ou trois mois après, on le retire couvert de cristallisations brillantes: les plus petites branches, celles qui
ne sont pas plus grosses que la patte d'une mésange, sont garnies d'une infinité de diamants mobiles et éblouissants; on ne peut plus reconnaître le rameau primitif. Ce que j'appelle cristallisation, c'est l'opération de l'esprit, qui tire de tout ce qui se présente la découverte que l'objet aimé
a de nouvelles perfections. Un voyageur parle de la fraîcheur des bois d'orangers à Gênes, sur le bord de la mer, durant les jours brûlants de l'été; quel
plaisir de goûter cette fraîcheur avec elle! Un de vos amis se casse le bras à la chasse: quelle douceur de recevoir les soins d'une femme qu'on aime ! Être toujours avec elle et la voir sans cesse vous aimant ferait presque bénir la douleur; et vous parlez du bras cassé de votre ami, pour ne plus douter de l'angélique bonté de votre maîtresse. En un mot, il suffit de penser à une perfection pour la voir dans ce qu'on aime. Stendhal, De l’Amour, 1822. |
Questionnaire
1. Qu'est-ce que la cristallisation ? Expliquez-en l'idée avec vos propres mots.
2. Montrez comment on peut appliquer l'idée de Stendhal au texte de Zweig, Lettre d'une inconnue.
Stefan Zweig, Lettre d’une inconnue, 1922.
Bonjour, je suis allé lire les poèmes que vous avez sélectionnés et je les ai commentés moi aussi. Vous n'êtes que cinq à l'avoir fait et je vous en félicite. Pour les autres, il n'est pas trop tard, n'hésitez pas à m'envoyer un mail quand vous l'avez fait.
Voici la correction du travail donné vendredi :
1. Dans A un passante, les vers 1 à 8 (strophes 1 et 2), les rimes sont embrassées :
hurlait = a
majestueuse = b
fastueuse = b
ourlet = a
statue = c
extravagant = d
ouragan = d
tue = c
beauté = e
renaître = f
éternité = e
peut-être = f
vais = g
savais = g
Dans Une Allée du Luxembourg, les rimes sont toutes croisées :
fille = a
oiseau = b
brille, = a
nouveau. =b
monde = c
répondrait, = d
profonde = c
l’éclaircirait ! = d
finie = e
lui, = f
harmonie = e
fui = f
2. Le poème de Baudelaire est un SONNET : il comprend deux quatrains et deux tercets.
Le poème de Nerval contient trois quatrains.
Pour clore cette séance, voici un poème de Felix d’Arvers (1806-185). Cet auteur, qui était célèbre au XIXème siècle, n’est plus connu que pour ce poème :
Sonnet
Mon âme a son secret, ma vie a son mystère,
Un amour éternel en un moment conçu :
Le mal est sans espoir, aussi j'ai dû le taire,
Et celle qui l'a fait n'en a jamais rien su.
Hélas ! j'aurai passé près d'elle inaperçu,
Toujours à ses côtés, et pourtant solitaire.
Et j'aurai jusqu'au bout fait mon temps sur la terre,
N'osant rien demander et n'ayant rien reçu.
Pour elle, quoique Dieu l'ait faite douce et tendre,
Elle suit son chemin, distraite et sans entendre
Ce murmure d'amour élevé sur ses pas.
À l'austère devoir, pieusement fidèle,
Elle dira, lisant ces vers tout remplis d'elle
" Quelle est donc cette femme ? " et ne comprendra pas.
Questions
1. Quelle est la longueur des vers ? Découpez les vers 1 et 2 en syllabes.
2. Comment les rimes sont-elles disposées ?
3. Quels sont les types de strophes utilisés ?
4. Expliquez le point commun entre ce que le poète dit dans ce poème et les poèmes de Baudelaire et Nerval.
Et si vous voulez rire, voici ce qu’en a fait Serge Gainsbourg dans les années 1960...
https://www.youtube.comresults?search_query=sonnet+d%27arvers
On corrige jeudi, bonne journée
1. Le poème de Baudelaire est écrit en alexandrins (12 syllabes par vers). J'ai fait la découpe syllabique sur les deux premières strophes :
La/rue/as/sour/dis/sante/au/tour/de/moi/hur/lait. /
Lon/gue/mince,/en/grand/deuil,/dou/leur/ma/jes/tu/euse, /
U/ne/fem/me/pas/sa,/d’u/ne/main/fas/tu/euse /
Sou/le/vant,/ba/lan/çant/le/fes/ton/et/l’our/let;/
A/gile/et/noble/a/vec/sa/jam/be/de/sta/tue.
Moi,/je/bu/vais,/cris/pé/comme/un/ex/tra/va/gant, /
Dans/son/oeil,/ciel/li/vide/où/ger/me/l’ou/ra/gan,/
La/dou/ceur/qui/fas/cine/et/le/plai/sir/qui/tue. /
Le poème de Gérard de Nerval est quant à lui en octosyllabes :
Elle / a / pas / sé, / la / jeu / ne / fille /
Vive / et / pres/ te / comme / un / ois /eau /
À / la / main / u / ne / fleur / qui / brille, /
À / la / bouche / un / re / frain / nou /veau. /
C’est /peut /-être / la / seule / au / monde /
Dont / le / cœur / au / mien / ré / pon / drait, /
Qui / ve / nant / dans / ma / nuit / pro / fonde /
D’un / seul / re / gard / l’é /clair/ ci / rait ! /
Tout cela est assez fastidieux présenté ainsi. La poésie est faite pour être dite et non découpée ainsi. J'aurais souhaité vous les relire, je n'y manquerai pas quand nous nous reverrons.
Je profite de ce confinement et de notre dernière séance sur Baudelaire pour (re)voir avec vous des notions de versification, assez faciles à travailler depuis chez vous.
A noter dans le cahier, la définition de la versification :
Versification : c’est l’étude des règles qui permettent de bien lire et de bien écrire un vers (rimes, nombre de syllabes, etc.)
Voici le cours, à coller dans le cahier :
1.La longueur des vers a. C’est le nombre de syllabes qui compte, pour savoir de quelle longueur est un vers : - six syllabes = hexasyllabe - huit syllabes = octosyllabes - dix syllabes = décasyllabe - douze syllabes = alexandrin b.Le -e muet Pour compter le nombre de syllabes, il va falloir être vigilant sur le -e en fin de mot. S’il est suivi d’un mot qui commence par une consonne, on compte le -e final comme une syllabe à part entière, si c’est une voyelle, on ne le prononce pas et on perd une syllabe. Exemple : Je suis le Ténébreux, le Veuf, l’Inconsolé, Le prince d’Aquitaine à la tour abolie, (Gérard de Nerval, El Desdichado) Dans ces deux vers, j’ai souligné le -e en fin de mot. Le premier vers est facile et nous renseigne sur la longueur des vers : ce sont des alexandrins (Je/ suis / le / Té / né / breux / le / Veuf / l’In / con / so / lé / =12 syllabes). Voici maintenant comment couper le second vers : Le / prin / ce / d’A / qui / taine / à / la / tour / a / bo / lie,/ « prince » est suivi d’une consonne « d’Aquitaine » = on prononce le -e « Aquitaine » est suivi d’une voyelle « à la tour » = on ne prononce pas le -e « abolie » : on ne prononce jamais le -e en fin de vers. N'hésitez pas à me poser des questions là-dessus. Travail à faire pour appliquer la leçon : 1. Quelle est la longueur des vers dans les poèmes de Baudelaire (A une passante) et Nerval (Une Allée du Luxembourg) ? 2. Au crayon à papier, découpez l'un des deux poèmes en syllabes et entraînez-vous à le lire en respectant le bon nombre de syllabes. |
Bonjour,
Souvenez-vous, nous nous sommes quittés vendredi 13 mars (!), sur une séquence intitulée « Dire l’amour ». Comme son nom l’indique, cette séquence porte sur l’expression du sentiment amoureux. La problématique de séquence choisie est : faut-il avouer ses sentiments lorsque l’on est amoureux ?
Je récapitule les séances déjà effectuées :
séance 1(mardi 10 mars) : à partir d’un florilège de citations, nous avons réfléchi au sentiment amoureux. En fin de séance, je vous avais demandé de rédiger votre propre définition de l’amour.
Séance 2 (10 et 12 mars): Étude de coups de foudre en poésie, « A une passante » de Baudelaire et « Une allée du Luxembourg », de Gérard de Nerval.
Séance de grammaire du vendredi 13 mars : les proposition subordonnées circonstancielles.
La semaine dernière, dans l’ENT, j’ai donné des exercices portant sur cette notion de grammaire, auxquels j’ai joint la correction. Je vous redonne ce travail, au cas où vous seriez passés à travers :
Exercice 1. Dans les phrases suivantes soulignez la proposition subordonnée circonstancielle et indiquez la nuance (temps, cause, but, conséquence, opposition, condition) exprimée : A.Comme il est tard, nous allons partir. La correction des exercices est à la fin... Exercice 2. Voici des phrases qui comprennent des propositions subordonnées circonstancielles. - Soulignez-les et précisez si elles expriment la cause ou la conséquence. - Transformez les phrases de façon à inverser la construction. Exemples :Il travaille tellement qu’il est toujours fatigué (conséquence) ⇒ Il est fatigué parce qu’il travaille beaucoup. Tu ne peux pas venir avec nous puisque tu refuses de mettre tes bottes. (cause) ⇒ Tu refuses de mettre tes bottes, de sorte que tu ne peux pas venir avec nous. a) L’accidenté a succombé puisqu’il n’a pas reçu à temps les soins nécessaires. b)Cet enfant est tellement fatigué qu’il s’est endormi dans la voiture. c)Les invités sont arrivés tard parce que les routes étaient bloquées par la neige. d)Les élèves n’ont pas compris le sujet de dissertation sous prétexte que le professeur l’a expliqué rapidement. e)La tempête est violente à un tel point que toute la circulation aérienne est arrêtée. https://www.francaisfacile.com/exercices/exercice-francais-2/exercice-francais-12340.php Correction Exercice 1. A. comme il est tard : prop sub circ de cause B. avant qu’il ne fasse nuit : prop sub circ de temps C.de sorte que nous n’avons pas vu le temps passer : prop sub circ de conséquence D. si tu le souhaites : prop sub circ de condition E. pour que nous puissions nous organiser : prop sub circ de but Exercice 2 a) L’accidenté n’a pas reçu à temps les soins nécessaires, de sorte qu’il a succombé. b)Cet enfant s’est endormi dans la voiture parce qu’il est très fatigué. c)Les routes étaient bloquées par la neige, de sorte que les invités sont arrivés tard. d)Le professeur a expliqué le sujet de dissertation tellement rapidement que les élèves ne l’ont pas compris. e)Toute la circulation aérienne est arrêtée parce que la tempête est violente. |
Comme vous le savez, je traite de la grammaire et de l’orthographe le vendredi, nous reverrons donc cela le vendredi 27 mars.
Mardi 24/03, nous reprenons le fil de la séquence (séance 3)